La pratique des « triads » dans l’improvisation musicale (2)

31 Juil 2010 | La pratique des triades | 0 commentaires

La pratique des « triads » dans l’improvisation musicale (2)

par | 31, Juil 10 | La pratique des triades | 0 commentaires

Bonjour chez vous…

Pratiquer les « triads » pour comprendre les grilles harmoniques

Pour avoir une bonne pratique des « triads » dans l’improvisation musicale et comprendre comment fonctionne une grille harmonique, si cette pratique vous intéresse, je vous présente une petite méthodologie pour bien commencer.

Je vais faire un recensement et ensuite pratiquer tous les mouvements mélodiques possibles à l’intérieur de l’octave.
Il s’agit des « permutations » qui vont donner un choix limité de directions mélodiques. 

Comme je vous l’ai indiqué dans un article précédent, il existe six permutations possibles pour chaque « triad », ainsi que quatre couleurs fondamentales (majeure, mineure, augmentée et diminuée).

Ne vous sentez pas submergés par le nombre de permutations possibles !
Il est bon parfois, devant une tâche à accomplir, de connaître les « forces en présence » pour pouvoir s’organiser sereinement et méthodiquement.

Dans la pratique des « triads », les objectifs sont :

1- Former l’oreille à reconnaitre des intervalles similaires.

2- Pratiquer de la technique instrumentale et la mémorisation par le biais de la transposition (12 tonalités à connaître).

3 – Pratiquer du jeu en rythme pour développer le sens des carrures et le tempo intérieur.

Le troisième points étant le plus important et pourtant le plus négligé, car difficile à appréhender.

Souvent le problème rencontré en improvisation, c’est la difficulté à se repérer dans la structure harmonique d’une grille tout en improvisant.
Compter des mesures tout en fabricant des mélodies improvisées n’est pas envisageable car, jusqu’à preuve du contraire, nous n’avons qu’un seul cerveau.
Lorsqu’on essaye de compter en improvisant, rapidement on se « cramponne » à la mesure et au premier temps point d’oublier le son, le swing, le discours etc…

Pour comprendre et développer le sens des carrures, il faut avoir l’image d’un marchand de légumes qui peut estimer d’un coup d’œil le kilo de pommes de terre, ou encore le marin qui « sent » le vent.
De même, la durée de 2, 4, 8 ou 16 mesures (tout en improvisant), peut être « appréciée », « sentie », « pesée » sans erreur, comme un poids dans le creux de la main ou la force du vent frappant sur le visage du marin expérimenté.

Ce sens des carrures permet à l’improvisateur :

1 – D’anticiper les découpages d’un morceau (refrain, couplet, pont, interlude, introduction, tutti, fin etc…) et donc de réagir sans retard.

2 – De « peser » mentalement et par instinct la durée de ses phrases pour les « calibrer » et les « caler » dans les carrures.

 

Avec une méthodologie réfléchie, petit à petit, par l’accumulation des expériences et par la mémorisation d’évènements musicaux précis, (patterns), l’improvisateur va améliorer son sens des carrures, et moins se perdre dans la grille harmonique, tout en étant en état intense de création, le « flow », que l’on pourrait traduire par « zone de confort ».

 

 

Comment travailler les « triads » au service de l’improvisation musicale ?

Pour travailler les « triads », il existe un document pour mémoriser les progressions et pratiquer la transposition sur son instrument. Les guitaristes utilisent beaucoup les triades dans leur jeu par exemple.

Les progressions que je vous propose d’étudier sont appelées grilles.
Chez les musiciens, il s’agit de la progression harmonique d’accords musicaux donnant le cadre et l’accompagnement à un morceau de musique. C’est la trame harmonique d’une chanson que les anglo-saxons nomment “chord changes”.
Le document suivant recense toutes les cadences possibles par cycle.

Téléchargez le document au format PDF.

Il y a six progressions notées en rouge et 12 tonalités notées en majeur.

Certaines progressions ont plusieurs cycles.

12 est un chiffre magique qui possède de nombreuses propriétés :
– Tout d’abord, c’est le nombre de tons dans la musique occidentale.
– D’un point de vue mathématique le chiffre 12 a plusieurs diviseurs, en effet :
12 est divisible par 2, par 3, par 4, par 6 et par lui même.
C’est ainsi que sont établis les six progressions cycliques du document. Mon échelle de 12 tons est partagée en 2, en 3, en 4, en 6, en 12 et même en 1.

Pour étudier les « triads », vous devriez être capable d’improviser des triades en suivant chacun des 6 cycles proposés.

Certains cycles étant particulièrement longs, je prendrai le temps de vous préparer un PDF plus clair où nous étudierons chaque progression numérotée de 1 à 6.
Grâce à ce document, vous comprendrez mieux les cadences que nous allons étudier et analyser.

La progression 1 est très musicale. On la rencontre dans toutes les chansons et dans tous les styles.
Il s’agit du fameux cycle des quintes. On peut lire la progression 1 comme un cycle, une roue sans fin où le cycle se répète.

La progression 2 est l’exacte inverse de la progression 1. C’est la roue que l’on tournerait mais à contre-sens cette fois. Il s’agit du cycle des quintes inversé.

La progression 6 (progression chromatique) est plus difficile à assimiler. Toutefois, elle se révélera plus efficace en terme de technique instrumentale, de mémorisation et compréhension de l’harmonie.

 

Grilles pédagogiques représentant les six progressions harmoniques de base.

Voici le détail de chaque progression à mémoriser :

1-   Progression par quintes descendantes.

2-   Progression par quintes ascendantes.

3-   Progression par tierces majeures (4 séries possibles).

4-   Progression par tierces mineures (3 séries possibles).

5-   Progression par secondes majeures (2 séries possibles).

6-   Progression chromatique (1 série).

 

Manipuler les triades

L’objectif est de manipuler les « triads », les anticiper de manière auditive et instinctive pour créer des mouvements mélodiques en temps réel. C’est une technique très utilisée chez les guitaristes.

Avec un peu de pratique et de rigueur, vous retiendrez facilement ces “chord changes” parce qu’ils sont issus de la musique que nous écoutons quotidiennement.

carrerachidmanou | Cours d'improvisation musicale en e-learning https://www.improvisation-musicale.fr

La pratique des permutations dans les « triads »

Ce concept de permutations (ou renversement) m’est inspiré du premier volume des ouvrages de Jerry Bergonzi : “Les structures mélodiques”

Je reviendrai plus tard sur ce pédagogue musicien particulièrement intéressant, en raison de son approche rationnelle sur le sujet.

 

Dans le document ci-dessous, je vous propose, à partir de la tonalité de do (notée C), d’étudier les six permutations possibles dans chaque triade afin de familiariser votre oreille aux quatre couleurs engendrées. Chaque ligne représente une permutation de do à l’intérieur de l’octave.

Téléchargez les permutations de « triads »

Les six mesures par ligne représentent une permutation différente pour la même « triad ».

J’ai choisi un rythme simple (deux noires + une blanche), à vous d’en inventer d’autres plus ou moins complexes.
A vous aussi d’inventer d’autres permutations à partir du do se trouvant à l’octave en créant des formules descendantes par exemple.
Soyez créatif et inventif avec ce matériau de base fondamental dans la compréhension de l’harmonie Jazz. 

 

L’idée étant de faire entendre les trois sons fondamentaux de notre “triad”, dans chaque mesure, en respectant une pulsation. Dans mes exemples le métronome bat les temps deux et quatre de la mesure.

1- Couleur majeure (1-3-5)

2 – Couleur mineure (1-b3-5)

3 – Couleur augmentée (1-3-#5)

4 – Couleur diminuée (1-b3-b5)

 

Quelques astuces d’ordre pédagogique :

Pour une pratique fructueuse, je vous conseille de choisir :

  • Une couleur d’accord, (majeure pour commencer).
  • Une permutation, (brisé-ascendant par exemple).
  • Un “chord changes”, (le cycle chromatique est technique alors que le cycle des quintes est plus musical).

Encore une fois, ne vous sentez pas submergés. Dès que vous serez à l’aise avec les permutations fondamentales (1-3-5 et 5-3-1), les quatre autres permutations seront alors assez faciles à manipuler.

De plus, il sera plus aisé d’anticiper les « mélodies » que vous allez créer.

 

Les directions mélodiques sont importantes.

Ce sont des « amorces » de phrases mélodiques. En effet, si vous commencez une improvisation musicale par un mouvement brisé ascendant par exemple, et si ensuite vous faites une autre improvisation musicale en démarrant par un mouvement brisé descendant, il y a fort à parier que vos deux improvisations seront différentes.

C’est l’amorce qui est importante car elle vous suggère des chemins, des idées, de la diversité dans votre discours musical.

Si vous commencez une improvisation musicale toujours avec le même mouvement mélodique (généralement 1-3-5), cela conditionne le reste du discours de manière figée. Il faut exploiter toutes les directions pour gagner en variété, originalité et spontanéité.

Dès que possible, n’hésitez pas à tester ces « triads » en les mélangeant au hasard, sur un simple métronome ou un playback complexe, en y ajoutant votre créativité, vos émotions et votre intensité, sans oublier de varier les rythmes.

Si vous avez quelques notions de piano, je vous conseille de pratiquer les « triads » sur un piano. Le côté visuel de l’instrument vous sera très utile pour repérer et mémoriser le nom des notes ainsi que les intervalles qui composent chaque “triad”.

Pour aller plus loin…

Ce travail de base dans l’improvisation musicale est passionnant et enrichissant. Il ne vous donnera plus envie de dormir dès lors que vous allez commencer à “tricher”, c’est-à-dire vous autoriser un quatrième son.

Ce concept de “triad + une note” va développer votre oreille de façon prodigieuse ainsi que votre capacité à mieux maîtriser votre discours musical.

En effet cette quatrième note, va peu à peu entrer dans votre jeu mais avec un vrai statut.

Ce sera une septième, une sixte ou une neuvième… Peu importe, mais c’est votre oreille qui la choisira avec une approche plus réfléchie et plus consciente.

Vous aurez tendance à rechercher instinctivement cette note dès lors que l’harmonie (ou la grille d’accords) va changer. Ainsi les notes de chaque « triad » se réduire à des “notes cibles” (appelées aussi “notes-guides »), sur lesquelles se « reposer » sans prendre de risque dans le discours et suggérant de surcroît, une certaine cohérence dans l’improvisation. 

Ce sont les fameux « Guide-tones lines » en anglais qui constituent le véritable chemin harmonique dans une bonne improvisation. C’est le moyen de faire entendre la grille dans une improvisation musicale.

Il s’agit d’improviser en mettant en valeur ces notes-guides dans vos phrases musicales, afin d’exprimer une mélodie cohérente pour vous (émetteur) et accessible pour l’auditeur (récepteur).

 

Les approches chromatiques.

Pour conclure cet article assez long, et en espérant que les données  théoriques vous seront accessibles sans trop de difficultés, l’étape suivante à l’étude des “triads” sera des les approcher chromatiquement. C’est-à-dire attaquer la note par son demi ton supérieur, inférieur ou les deux à la fois.

Par exemple si je cible la note do, je passerai par un ré bémol pour y parvenir, ou un si bécare, ou les deux. Ces notes « interdites » seront des notes de passage qui apporteront plus de fluidité à l’improvisation (à condition de bien les placer rythmiquement).
La recherche permanente de la bonne approche chromatique est une discipline olympique chez les boppers par exemple.

 

 

 

Pratiquez, pratiquez, pratiquez sera donc le mot de la fin.

Passez du temps à chercher, inventer, déformer, copier, coller, trier, mélanger, éliminer, triturer et malaxer vos idées.

Trouvez votre propre cheminement.

Le tout en privilégiant le travail de votre oreille, l’imagination créatrice, ainsi que le plaisir.

Dans votre pratique quotidienne, si vous avez un minimum de matériel, accordez vous des séances d’enregistrement. C’est un bon moyen pour évaluer vos progrès et définir concrètement vos objectifs. Servez-vous de l’enregistrement pour prendre de la distance, écoutez attentivement ce que vous avez joué, sans complaisance ni critique excessive.

Etes-vous bien dans la pulsation ?
y a-t-il des hésitations ?
Que devez-vous améliorer ?

Enjoy & Practice !

 

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