De l’utilisation des “triads” dans l’improvisation musicale dite “motivique”

5 Juin 2011 | La pratique des triades | 0 commentaires

De l’utilisation des “triads” dans l’improvisation musicale dite “motivique”

par | 5, Juin 11 | La pratique des triades | 0 commentaires

La finalité du musicien de jazz est d’exprimer une mélodie à travers une improvisation débridée.

Qu’il s’agisse des improvisateurs techniquement les plus fougueux ou des précurseurs et pionniers du jazz, un dénominateur commun apporte une cohérence à l’ensemble de la culture swing : la mélodie.

Après tout, le standard de Jazz n’atteint-il pas son universalité, lorsqu’il est finalement chanté dans le métro ou sifflé sous la douche ?

C’est que la mélodie soutient et renforce la marche harmonique et dans le même temps, la marche harmonique soutient et renforce la mélodie.

Comprendre et prendre conscience de la mélodie, c’est repérer les notes essentielles à la musicalité générale d’un morceau.

Les notes-cibles constituent la charpente de l’improvisation, elles guident et soutiennent le discours musical tout en assurant un facteur essentiel de musicalité.

La mélodie, le thème des standards ne sont qu’un agencement “élégant” de notes-cibles.

Il suffit d’analyser le célèbre thème de Jazz “All the things you are” pour s’en rendre compte.

Il existe différents types d’improvisations musicales. Jacques Siron en fait une analyse complète dans « La partition intérieure”.

carrerachidmanou | Cours d'improvisation musicale en e-learning https://www.improvisation-musicale.fr

L’improvisation motivique.


Il s’agit d’un mode d’improvisation basé sur l’emploi de motifs ou patterns, (petites cellules mélodiques et/ou rythmiques) comme matériel de jeu.

Le motif est un matériel universellement utilisé, dans beaucoup de styles de musique (tonale, modale, classique, jazz etc …). Il peut être employé avec des procédés aussi divers que la répétition ou la transformation (rythmique et mélodique), ou la variation ou encore la combinaison d’intervalles.

L’aspect motivique n’est pas réservé à l’improvisation musicale, on le trouve dans de nombreux thèmes :

Le Boléro de Ravel est construit entièrement sur un motif rythmique qui se répète invariablement tout le long du morceau.

Le thème “Satin Doll” de Duke Ellington est constitué d’un motif transposé dans sa partie B.

Plus proche de nous, et dans un tout autre style, Macéo Parker (avec toute la culture Groove/Funk qu’il véhicule), use et abuse de motifs rythmiques avec une redoutable efficacité.

Et pour conclure, je citerai le pianiste qui, à mon sens, représente bien l’aspect motivique lors de ses improvisations : Thélonious Monk.
Des thèmes comme “Well you needn’t”, “Blue Monk” ou encore “Epistrophy” ne sont
“que” des motifs simples transformés mélodiquement et rythmiquement. 

Il en résulte ainsi un jeu un peu haché et décousu qui peut sembler dénué de mélodie.


Les « triads » constituent un matériau intéressant dans les cadre de l’improvisation motivique.


D’une part pour l’aspect rythmique. On peut plus facilement se focaliser sur la pulsation sans être focalisé sur le choix des notes.

Concernant l’aspect mélodique, les mouvements créés sont quantifiables et ceci est bon pour la mémoire auditive.

Dans un document récent, je vous exposais, les six permutations possibles que l’on peut effectuer avec chaque triade.

Téléchargez le document

Je vous propose à présent de nous intéresser un instant aux directions mélodiques des intervalles engendrés.

Les directions mélodiques des triades.

  • Première mesure (do-mi-sol) : le mouvement mélodique est ascendant.
  • Deuxième mesure (do-sol-mi) : mouvement mélodique brisé-ascendant.
  • Troisième mesure (mi-do-sol) : mouvement mélodique brisé-descendant.
  • Quatrième mesure (mi-sol-do) : mouvement mélodique brisé-ascendant.
  • Cinquième mesure (sol-mi-do) : mouvement mélodique descendant.
  • Sixième mesure (sol-do-mi) : mouvement mélodique brisé-ascendant.

Pour résumer, avec les « triads », il y a quatre directions mélodiques possibles. Ceci à condition de rester dans l’octave et s’interdire de jouer l’octave.

Connaître et pratiquer ces quatre directions mélodiques dans les douze tons et dans les quatre couleurs « primaires »,  (majeure, mineure, augmentée et diminuée) va développer chez vous une organisation mélodique plus consciente et plus précise.
De plus, avec ce matériau restreint, les intervalles aussi sont restreints. L’oreille va s’habituer progressivement à les reconnaître.

Ce travail est passionnant et surtout très enrichissant.
La pratique des triades est adaptable à l’étude de grilles ayant des changements d’accords complexes et elle très complémentaire à un travail sur les gammes.

Pour aller plus loin…

Que va-t-il se passer si je m’autorise un quatrième son ?

C’est le concept de “triad + une note” développé par Jerry Bergonzi. Je vous présenterai prochainement des articles synthétisant les éléments clés de son approche.

Dans mon exemple au clavier, j’ai ajouté un son à ma triade. J’ai choisi d’ajouter l’octave.
C’est un son facile à entendre puisqu’il fait partie de la triade de base, mais il va sonner aigu ou grave.
Mon matériau est constitué de trois notes, mais en réalité quatre sons sont possibles.

La pratique des permutations de triades 1-3-5-8.

Le fait d’avoir à présent quatre notes va donner lieu à une plus grande variété de permutations, il y a à présent 24 permutations possibles.

Pour vous donner une petite idée de l’utilisation des “triads + 1 note”, qui sera ma nouvelle appellation, j’ai choisi de les pratiquer au piano.

C’est que le piano est un instrument complet qui possède de nombreuses vertus très utiles et surtout très complémentaires dans la pratique du saxophone et autres instruments mélodiques.

Le côté visuel est très pratique pour apprendre et retenir les notes qui composent les “triads”. De plus, l’utilisation de la main gauche apporte une stabilité rythmique.

Dans les exemples suivants, je suis parti sur un blues en Do pour le piano, (le Chicago Blues), caractérisé par ses trois  trois accords de septième de dominante (do, fa et sol).
Nous verrons la structure du Blues en détails dans des leçons à venir…

Pour un petit travail rythmique intéressant, j’ai calé ma main gauche sur différentes claves (la clave 3-2 et la clave 2-3). Pour la main droite, j’utilise uniquement des “triads + 1 note” (en l’occurrence l’octave, assez facile d’un point de vue technique instrumentale, ou encore la septième de dominante, note caractéristique du Blues et parfois la gamme Blues pour apporter un aspect plus linéaire au discours musical).

L’objectif étant de créer des motifs (rythmiques et/ou mélodiques) en temps réel au gré de mon chant intérieur (et de mon petit niveau technique). Motifs que je vais répéter, transformer, mélanger, opposer, renverser … avec toute une série d’objectifs tels que :

– suivre la grille,

– anticiper,

– jouer avec les notes communes de chaque “triad + 1 note”,

– pratiquer des approches chromatiques les plus “judicieuses” possibles,

– répéter des cellules rythmiques simples et courtes,

– créer un jeu de question/réponse avec une « solide » main gauche obstinément immuable,

– créer des mélodies,

– créer et mémoriser mes propres patterns rythmiques et mélodiques…

Le tout en tâchant de prendre un maximum de plaisir.

Enjoy & Practice !

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