De l’interprétation musicale à l’improvisation musicale (2)

18 Juil 2011 | La pratique du relevé de solo | 0 commentaires

De l’interprétation musicale à l’improvisation musicale (2)

par | 18, Juil 11 | La pratique du relevé de solo | 0 commentaires

Le relevé (transcription) ne concerne pas uniquement les notes.

C’est aussi relever les inflexions, l’articulation, les « erreurs », les notes suggérées (les ghost-notes), l’intensité, l’énergie et l’émotion transmises, la technique, la vélocité, la sonorité, la musicalité etc… Tout ce qui est très difficile (voire impossible) à transcrire sur du papier.

La majeure partie de la musique que nous écoutons aujourd’hui a été enregistrée. Et c’est une véritable chance. Nous avons une trace, un témoignage fidèle de l’interprétation des artistes, même si ils ont disparu.

Les spécialistes de musique classique, baroque ou médiévale pourront toujours s’affronter pendant encore des décennies pour savoir comment jouer et interpréter la musique de Mozart, Bach ou Beethoven, ils n’auront jamais autre chose que du support manuscrit pour se départager.

D’où parfois des querelles fratricides incompréhensibles pour le commun des mortels.

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Utiliser les outils d’aujourd’hui.

Dans la France de l’après guerre où les disques de jazz étaient aussi rares que chers (lorsqu’ils n’étaient pas carrément interdits), les jeunes musiciens n’avaient pas d’autre choix que de relever cette musique nouvelle qui les fascinait tant. Les partitions étant inexistantes, il ne restait que les oreilles, une platine vinyle pour lire les 33 tours ainsi qu’une forte dose de volonté et de motivation.

Des personnalités musicales majeures comme Bernard Maury, Jean Claude Forenbach, François Chassagnite, André Villéger ou encore Philippe Baudoin, racontent avec une fougueuse passion cette époque révolue lors de leurs stages.

Aujourd’hui, à l’heure de l’informatique et d’internet, la démarche doit rester la même à ceci près que l’offre musicale est quasi-illimitée et quasi-instantanée. Nous avons à notre disposition des milliers de gigas de MP3 dans tous les styles possibles et imaginables, dont nous ne savons que faire au final. Une vie entière ne suffirait pas à écouter ce que la plupart des mélomanes possède sur son ordinateur, tablette ou smartphone.

Dans ce contexte, le choix du relevé est une mission délicate.
Relever quoi, relever qui, par où commencer ?

En revanche, la technique informatique nous aide bien dans la pratique du relevé. En effet pour nous faciliter la tâche, il existe des logiciels pour “time-strecher” la musique (c’est à dire la ralentir en conservant la hauteur des sons).
Ainsi donc, alors que la technologie nous mâche le travail, c’est à chacun de trouver la volonté et la motivation…

Pour ceux qui se lancent dans ce travail méticuleux, les résultats dans le domaine de l’improvisation musicale vont bien au delà du travail fourni.

Le rôle relatif des songbooks.

Il y a quelques mois, lorsque je farfouillais dans une librairie musicale parisienne bien connue (Oscar Musique), je tombai sur une foule de partitions de « l’inventeur du Moonwalk ».
En cette période anniversaire de son tragique décès, la logique commerciale d’exploitation déroulait son implacable rouleau compresseur… Intérieurement je méditais quelques secondes sur l’utilité concrète de tels ouvrages (à part l’aspect commercial bien entendu). A-t-on vraiment besoin de lire des notes pour jouer ou chanter un « Billie Jean », un « Thriller » ou un « Wanna be starting something » ? 

Idem pour les lignes de basses, de cuivres, les riffs de guitare ou les accords de clavier ? Est-ce que l’on n’a pas assez confiance en son oreille pour les retrouver par soi même ? Et que dire du chant, des cris et de l’énergie de l’artiste ? Comment transcrire ceci sur une simple portée musicale ?

Je ne ferai pas gratuitement le procès de ce genre d’ouvrages, mais pour en avoir moi-même acheté à une certaine époque, force est de constater que leur utilité s’est avérée très vite limitée. Ils trônent fièrement dans ma bibliothèque poussiéreuse dans le meilleur des cas ou sinon ils me servent de sous-main pour écrire et parfois même de tapette à moustiques dans un geste de désespoir pour me débarrasser d’un insecte aussi sournois qu’encombrant.
Vous avouerez qu’on est bien loin de la fonction première de l’ouvrage.

La pratique du relevé est une étape importante dans le domaine de l’improvisation musicale.

Nous avons aujourd’hui tout le répertoire musical et toute la technologie moderne pour effectuer cette pratique si enrichissante.

Car la pratique du relevé au service de l’improvisation musicale est avant tout un travail individuel et personnel que nul ne pourra faire à notre place. Il faut une bonne dose de motivation pour en récolter les bienfaits dans un futur proche mais indéfini. Et il ne faut pas attendre une espèce de bénédiction de la main de Dieu dont je vous parlais dans un article du mois de novembre 2009.

Si cette main de Dieu se transforme en main de Thierry Henry, les résultats seront du niveau des résultats de notre équipe de France de Football à la dernière coupe du monde.

Je vous proposerai prochainement une modeste “pédagogie du relevé” et des exemples pour illustrer mon propos et tenter (s’il en était encore besoin) de vous convaincre de tous les bienfaits de cette méthode d’apprentissage dans le cadre de l’improvisation musicale.

Enjoy & Practice !

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