Improvisation musicale et jazz : sortir du mythe

19 Nov 2009 | Généralités autour de l'improvisation | 0 commentaires

Il faut s'y mettre... ou choisir le moment de s'y mettre

Improvisation musicale et jazz : sortir du mythe

par | 19, Nov 09 | Généralités autour de l'improvisation | 0 commentaires

Bonjour chez vous…

La pratique de l’improvisation Jazz

 

La pratique de l’improvisation est l’un des éléments qui distingue le jazz des autres musiques.
Dans la pensée collective, improvisation musicale et Jazz entretiennent un mythe.

Eric Barret nous dit :

« … Jusqu’à ce jour le jazz est et restera une musique de solistes. Les parties écrites, thèmes pour petites formations et arrangements pour grands orchestres, ne sont pour ces solistes que des prétextes à des développements improvisés ».

Eric Barret

Moi j’aime bien cette définition car elle sous-entend que le champ est ouvert. Toutes les musiques sont concernées. Cette définition fait tomber le mythe, qui veut que l’improvisation soit associée au jazz dans la conscience commune, et ceci pour l’éternité.
En 1991, le rappeur Claude M’Barali, plus connu sous le patronyme de MC Solaar, le scandait déjà haut et fort sur le premier titre de son premier album :
« Si le rap excelle, le Jazz en est l’étincelle… ».
Comme pour nous remémorer les joutes musicales homériques auxquelles se livraient les bopeurs dans les clubs de Jazz new yorkais dans les années 40 lors de fougueuses jam sessions.

 

Dans chaque composition musicale, qu’il s’agisse de musique classique, musique pour orchestre, blues, rock, pop, reggae, afro-cubaine, soul-funk ou encore musique dite « urbaine », il y a autant de place pour le musicien interprète que pour le musicien improvisateur. Pour ces musiciens, les rôles ne sont pas les mêmes.


L’interprète, c’est le sage. Il est sage dans son attitude sur scène et sage dans son jeu. Il reproduit fidèlement une musique écrite avec lyrisme et virtuosité en transmettant des émotions à l’auditeur.
L’improvisateur, c’est le fougueux. Il est fougueux dans son attitude sur scène et fougueux dans son jeu. Il n’a rien à vendre et il n’a rien à reproduire. Il doit produire dans une urgence sereine et maîtrisée. Son rôle est de créer en temps réel une musique non-écrite avec lyrisme et virtuosité en transmettant des émotions à l’auditeur … mais en y ajoutant des surprises de deux types.

 

  • Surprise dite “temporelle”: L’improvisateur, c’est quelque part le garant du temps musical. Il n’a pas de contrainte temporelle. Il joue quand il veut et où il veut dans un format musical type que l’on nomme “grille” dans le jargon des musiciens.
    La grille a été étudiée et mémorisée au préalable… ou pas.

 

  • Surprise de type “flow” : C’est entrer dans le canal d’écoulement de la grille. Se laisser porter par son flow, son débit, son savoir faire et son savoir être. C’est aussi trouver sa zone de confort, faire ce qu’on sait faire sans surjouer.

 

Par définition, l’improvisateur ne connaît pas le lieu où il va jouer, pas de répétition prévue, ni même envisagée. Dans le cadre d’une jam session, souvent, l’improvisateur ne connaît pas le niveau des musiciens avec qui il va devoir produire de la musique, il y a une espèce d’inconfort sous jacent mêlé à une fougue naturelle, optimiste et presque naïve.

carrerachidmanou | Cours d'improvisation musicale en e-learning https://www.improvisation-musicale.fr

Le champ est ouvert

 

Le champ est ouvert, à condition de se baisser pour en extraire la substantifique moëlle. La trier, la peser, la soupeser, la malaxer, la mélanger, la touiller, la triturer et l’humer pour en récolter les savoureux fruits.

Et devant l’immensité de ce champ de la connaissance, il suffit juste de se dire :
« Mais quand est-ce que je commence ? ».

Un peu comme lorsque nous avons la vaisselle ou le repassage qui s’accumulent de façon dangereusement exponentielle. Au point que le labyrinthe naturel qui en a surgi en devienne lui-même impraticable.
Ou alors quand de la cuisine s’échappent subrepticement des odeurs aussi suspectes qu’indésirables.

L’instant T, le jour J, la seconde S pour s’y mettre peut se déclencher à tout moment. Pendant le sommeil, la journée de travail, devant la télévision, au restaurant ou au cinéma… Comme une furieuse envie de pisser.

 

En tout cas, ce n’est pas la main de Dieu qui me touchera de sa grâce pour s’y mettre à ma place car la main de Dieu ça n’existe pas…

… sauf peut-être pour Thierry Henry en ce mercredi soir 18 novembre 2009.

La main de Dieu, la main du diable pour un Irlandais ou la main d’Allah pour ma tendre et douce maman, peu importe.

Il faut s’y mettre… ou plutôt choisir le moment de s’y mettre le plus sereinement possible et avec une approche la plus rationnelle possible.

Expérience collective et apprentissage de l’improvisation

Pour les musiciens, (le pianiste mais aussi les saxophonistes, guitaristes, violonistes, bassistes, batteurs, trombonistes, trompettistes, contrebassistes, flûtistes, clarinettistes, etc…), une bonne pratique musicale passe par le travail de l’improvisation musicale. Que ce soit au moyen d’un instrument harmonique comme le piano, la guitare, l’accordéon, ou que ce soit au moyen d’un instrument mélodique comme le saxophone ou la trompette, improviser est un atout et une compétence appréciées au sein d’un orchestre ou d’un groupe. Être capable d’inventer de la musique sans lire des notes, sans l’aide de l’écrit et en même temps, être dans un processus de création, ceci est souvent un défi pour le novice en improvisation musicale désireux d’apprendre. En effet, malgré le paradoxe, on peut apprendre l’improvisation.

Au Conservatoire, il existe des cours d’improvisation musicale dans un registre classique. L’histoire de la musique nous apprend que l’improvisation existait bien avant la naissance du Jazz mais que de chemin parcouru avant d’arriver au bop, au free-Jazz ou au Jazz de la Nouvelle Orléans.
L’improvisation était une pratique courante dans la musique classique jusqu’au 19ème siècle. Des compositeurs comme Bach, Mozart et Beethoven étaient tous réputés pour leurs compétences en improvisation musicale. Souvent, lors des concerts, ils improvisaient des cadences dans des concertos ou ils jouaient des variations improvisées sur des thèmes donnés.
Cette tradition d’improvisation a créé une base sur laquelle le Jazz a pu se construire, en particulier dans la façon dont les musiciens étendent et explorent les structures harmoniques.

Dans les clubs de Jazz, à Paris, en banlieue, en région, et partout ailleurs dans le monde, c’est lors de la “jam session” que les musiciens développent des improvisations débridées où se mêlent swing, rythmes, groove, bop, mélodies et compositions spontanées autour de standards de Jazz. Ils mettent en œuvre des années de pratique instrumentale, de connaissances théoriques, de recherche d’une forme esthétique dans leur son, un style de jeu ou encore un concept d’improvisation.

 

Ecouter du Jazz et ses grands maîtres est une première approche indispensable, (Charlie Parker, John Coltrane, Thelonious Monk, Django Reinhardt, Miles Davis, Ella Fitzgerald, Bud Powell, Louis Armstrong, Wayne Shorter ou Duke Ellington), pour se forger une solide culture Jazz.
Assister à des concerts de jazz est aussi une expérience formidable pour apprécier les chorus (solos improvisés), apprécier le swing, comprendre le code, l’idée, le message, l’histoire du musicien au travers de son instrument et son improvisation.

De nos jours, les établissements d’enseignement musical, tels que les écoles de musique et les conservatoires, accordent une attention grandissante à l’apprentissage de l’improvisation Jazz, proposant ainsi un enseignement hautement spécialisé et de qualité.

Lire la suite de cet article et entrons dans le vif du sujet.

Enjoy & Practice !

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